Il fut un temps où les jeunes étaient volontiers de gauche, où du moins ceux de droite se faisaient-ils discrets. Il paraît que ce n’est plus le cas et, visiblement, les jeunes des partis de droite sont décomplexés et très actifs. J’entends aussi souvent dire que la gauche n’a pas de solutions adaptées à notre temps et qu’elle reste figée dans des positions passéistes.
Alors que la situation sociale et politique locale, nationale et mondiale reste marquée par des injustices marquées, et croissantes, la mode est donc aux solutions libérales.
Ces solutions «modernes» consistent Ã
- retarder l’âge de la retraite des travailleurs,
- protéger le capital de la «confiscation fiscale»,
- encourager la sous-enchère fiscale qui favorise les plus riches et prive les collectivités de moyens,
- libéraliser les conditions de travail (travail nocturne et dominical, par exemple),
- défendre ce qui reste du secret bancaire au nom du droit à la discrétion,
- promouvoir l’industrie et le tourisme de luxe, qui a besoin des nouveaux riches qui accaparent les nouvelles richesses des pays émergents,
- exagérer, voire créer, les problématiques liées à la sécurité et à l’immigration pour recueillir les suffrages qui permettront de mener une politique antisociale,
- contrôler de plus en plus intimement chacun de nous, au nom de la sécurité, par exemple en posant des caméras dans les cours d’école plutôt que des radars sur les routes,
- lutter contre les abus dans l’aide sociale plutôt que contre les abus dans l’accaparement des richesses,
- convaincre les «petits patrons» (ceux qui travaillent au quotidien dans leur entreprise et ne gagnent pas douze fois plus que leur employé le moins bien payé) que leur cause est liée à celle des «grands patrons»,
- maintenir les lois du marché et de la concurrence dans le secteur crucial de la santé, voire même les introduire dans le secteur de l’éducation,
- convaincre la classe moyenne qu’elle a tout à gagner à défendre les intérêts du grand capitalisme,
- maintenir l’opacité dans le financement des partis.
Un programme alléchant ! Mais pour qui ?
En tout cas pas pour l’écrasante majorité des citoyens, des travailleurs, des contribuables, et … des jeunes. La soi-disant modernité des solutions de droite nous mène à l’accroissement des injustices, donc des problèmes qu’elles prétendent résoudre.
La gauche est peut-être ringarde en prétendant lutter contre les injustices; la solidarité est peut-être une notion du XXe, voire du XIXe siècle. Mais les fondements de notre espérance de chrétiens sont encore plus anciens !
La gauche, et les chrétiens de gauche notamment, ont donc toutes les raisons de rester sur leurs positions. Nous perdrons probablement encore des élections et des votations; la droite, et surtout l’extrême-droite, ont peut-être encore des victoires en vue. Mais nous n’avons pas à faire de concessions à la soi-disant modernité du libéralisme décomplexé.
Dans l’intérêt des jeunes d’aujourd’hui et de demain.