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Journée des CGR du 26 janvier 2019 à Prilly

Numérisation: il est temps de paniquer !

La jeune Suédoise Greta Thunberg nous dit qu’il est temps de paniquer face à l’urgence écologique. C’est aussi ce que nous pouvons conclure, à la suite de notre journée du 26 janvier, face aux défis posés par la numérisation croissante des activités humaines.

Les exposés du matin, de MM. Dufour, Michel et Luccarini, ont posé les bases de la problématique (voir les résumés dans ce numéro). La discussion de l’après-midi a fait ressortir combien les bénéfices, indéniables, des progrès technologiques, sont contrebalancés par les risques énormes qu’ils nous font courir.

Il y a urgence ! Car nous sommes de plus en plus prisonniers d’un système marchand (avec les pires défauts du capitalisme), qui nous fait perdre peu à peu le contrôle de l’intelligence humaine, de l’information, de la démocratie, de notre vie privée, de nos déplacements, du fonctionnement des outils de base de la vie de tous les jours, … L’être humain du XXIe siècle croit tout savoir, grâce à internet, mais il perd son innocence, son humanité. Le travailleur est devenu trop coûteux par rapport au robot. Il se «machinise» plus vite que les machines s’humanisent, déclarait M. Luccarini. La confiance dans les données fournies par les ordinateurs restreint l’esprit critique et peut engendrer la paresse intellectuelle.

Il apparaît que le risque pour le fonctionnement démocratique est sérieux: les infrastructures (transports, électricité, eau, air), l’éducation, la santé, le logement, la sécurité (on peut compléter la liste) doivent rester sous contrôle public. Or la dépendance aux données informatiques contrôlées par les fournisseurs de matériel et les réseaux privés d’information fait craindre que ce ne soit plus vraiment le cas. On parle même de confier à des privés l’organisation des votes et élections ! On veut nous faire croire qu’internet est gratuit et l’on sait que les grands opérateurs gagnent des milliards…

M. Michel posait cette double question: savons-nous où nous allons ? Et surtout, voulons-nous y aller ? On pourrait presque espérer qu’une gigantesque panne (ou une attaque) informatique engendre suffisamment de problèmes pour provoquer enfin une réaction décisive.

La question se pose à notre niveau: que pouvons-nous faire individuellement ? D’abord rester conscients des risques qui nous font foncer dans le mur, et freiner le mouvement dans nos activités quotidiennes: privilégier les interractions humaines plutôt que les machines, sortir autant que possible du monde virtuel et vivre «dans la vraie vie», voire même expérimenter le retour en arrière.

M. Dufour concluait en se disant persuadé qu’il y aura inéluctablement une ère post-numérique; mais que sera-t-elle ? et quand ?

J.-F. Martin, secrétaire des CGR

 (paru dans l’Espoir du Monde, n° 173 – avril 2019)