Après le coronavirus, sortir de l’anormal

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Après le coronavirus, sortir de l’anormal

 

par Pierre Aguet, membre du comité des CGR,  ancien conseiller national, Vevey

De très nombreux intervenant-e-s envisagent de profiter de la sortie de crise pour modifier sensiblement cette société qui fonce dans le mur. Ils, elles ne proposent que des généralités. On peut rêver et suggérer une série de décisions pour construire une société normale, où nos enfants et petits-enfants pourront vivre et s’épanouir. En ce XXIe siècle, la civilisation est proche de l’effondrement. Je vous invite à rêver avec moi:

– Comme dans tous les pays du nord de l’Europe, la moitié des membres des conseils d’administration des entreprises, à partir de 20 employés, seront désignés par le personnel. Ainsi, une partie des bénéfices ne seront plus utilisés à manipuler l’opinion publique au profit des seuls actionnaires et la démocratie politique reprendra de la crédibilité. Les rémunérations s’approcheront du 1 à 12 récemment proposé. La corruption diminuera. Le personnel admettra plus facilement des efforts éventuels en cas de grandes difficultés économiques.

– Les services publics seront prioritaires, mais l’économie privée sera encouragée et protégée des nombreuses lois paralysantes.

– Les rémunérations mensuelles seront d’au minimum 4’000.- frs, à indexer.

– Les services des ressources humaines seront interdits dans toutes les entreprises et remplacés par des services du personnel, lequel doit être considéré et non exploité comme une marchandise.

– Les bénéfices des entreprises et des privés seront imposés de manière progressive jusqu’à 80% à partir d’un million comme aux USA pendant 40 ans et jusqu’en 1980. Ce million a été gagné par l’effort des autres et après cette importante ponction, il reste tout de même 200’000 frs pour vivre confortablement.

– Les contacts et échanges avec les institutions sises dans les paradis fiscaux ne pourront être admis qu’avec l’accord des autorités fiscales.

– Le temps de travail sera limité à 6 heures par jour afin de combattre la surproduction de gadgets qui ne sont utiles qu’à la poubelle et à l’enrichissement des plus malins. On visera la semaine de 30 heures de travail, comme en Norvège ou en Allemagne avec 1366 h par année. En 1996, Jeremy Rifkin analysait déjà, avec les français Rocard et Larrouturou «La fin du travail». Il faut viser aussi la fin du chômage.

– Ne travailler que le matin ou l’après-midi de façon à ce qu’un couple puisse mieux se répartir les tâches ménagères et l’éducation des enfants: de 7 à 13 heures et de 13 à 19 heures. C’est le moyen le plus efficace pour casser le plafond de verre et arriver à l’égalité des sexes. (Proposition au Conseil national en 1994: «Des 3X8 aux 4X6»)

– Imposer le kérosène comme le diesel et la benzine.

– Interdire les vols réguliers de moins de 1000 km au profit du train.

– Ne plus immatriculer de voitures individuelles qui ne soient pas électriques, à hydrogène ou au moins hybrides.

– Taxer les camions étrangers qui traversent la Suisse de manière à ce que cela coûte plus cher que de mettre le camion (ou le container) sur le train.

– Obliger la recherche en santé publique à utiliser les anciens remèdes ou anciennes molécules, non brevetables, à vérifier leur efficacité sur les nouvelles maladies. L’actuelle recherche ne vise qu’à trouver de nouvelles molécules ou vaccins pour en tirer pendant 20 ou 30 ans des bénéfices indécents, quitte à laisser mourir des gens pendant ces recherches de profits. La crise 2020 est très significative.

– Tous les produits de l’industrie chimique proposés à l’agriculture seront interdits et cette agriculture sera largement soutenue financièrement pour compenser la diminution temporaire de la production, pour arrêter le déclin des insectes et des oiseaux et favoriser la pollinisation.

– La Suisse, devenue un paradis de justice, de démocratie, d’équité fiscale et sociale, il conviendra aussi de contrôler l’immigration. Notre petite superficie ne nous permettant pas un accueil illimité.

Pour beaucoup d’autres modifications parfaitement nécessaires, je vous invite à consulter les programmes des partis politiques.

On peut rêver. On peut agir. Merci à ceux qui le feront. Je suis trop vieux.

Pierre Aguet, 4 juin 2020